Après une décennie de croissance soutenue, l’agriculture biologique française est rattrapée par la réalité du marché. Face à une offre de produits bio toujours croissante, la consommation ne suit plus. En parallèle, la flambée des prix des matières premières agricoles vient un peu plus troubler la visibilité des producteurs et opérateurs engagés dans la filière.
Une collecte de lait bio toujours en hausse
Dans un contexte de baisse régulière de la consommation de lait en France, la collecte française biologique a doublé entre 2015 et 2020. Elle poursuit aujourd’hui encore son ascension à la faveur des conversions bio de 2020 et 2021. Face à une consommation nationale en berne, les collecteurs de lait bio, sont désormais contraints de déclasser des volumes significatifs de lait certifié vers le marché conventionnel.
Dans le même temps, le marché du lait conventionnel, dont 40% part à l’export, connaît une embellie significative. L’écart de prix moyen entre le bio et le conventionnel se réduit.
La production d’œufs biologiques doit baisser
La filière œuf biologique subit aussi la loi du marché. La baisse marquée de la consommation en GMS contraint les opérateurs économiques à réorienter une partie des élevages bio vers des productions alternatives (label, plein air…) qui, semblent désormais avoir la faveur du consommateur.
Des « mises en place » de poulettes s’effectuent actuellement en Label dans des élevages historiquement dédiés à la Bio. Cette réorientation pourrait conduire à des arrêts de certification sur les surfaces végétales biologiques associées à ces ateliers.
Les productions végétales bio sous pression
La situation géopolitique et climatique bouscule également les repères du marché des céréales et oléo-protéagineux bio.
Le marché des grains bio historiquement stable est resté assez attentiste au premier semestre.
Face cependant à la hausse annoncée des coûts de production (énergie, matières fertilisantes…) et des prix attractifs des filières conventionnelles en quête de matières premières, la hausse des cours bio se dessine.
L’augmentation des prix du grain bio poussée par les tensions du conventionnel aura un impact économique significatif pour les éleveurs bio dont l’autonomie alimentaire n’est pas assez solide.
Sur le front des légumes, les difficultés de valorisation se font également sentir. La consommation biologique, en recul depuis 2021, subi la concurrence des productions affichées « locales » et autres signes de qualité. Le marché conventionnel absorbe ponctuellement une partie des productions biologiques, quand la gamme existe, signe d’une demande de légumes biologiques inférieure à l’offre.
À retenir
L’ambition Européenne de porter la bio à 25% de SAU, appelle à une croissance de la filière en décalage avec les difficultés actuelles du marché à valoriser de volumes bio croissants. Une régulation de l’offre bio en phase avec l’évolution de la consommation semble désormais nécessaire.
Moins dépendante aux intrants que la filière conventionnelle, l’agriculture biologique absorbe cependant une hausse significative des coûts de l’énergie, hausse qui devra se traduire par une revalorisation des prix payés aux producteurs engagés dans la démarche.
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