Les médias s’en font régulièrement le relai, la Banque de France affiche son optimisme : pour elle, « l’activité reste bien orientée ». En effet, l’activité de construction et de rénovation est au beau fixe et progresse de 11 % depuis le début de l’année. Malgré cela, les professionnels du secteur sont inquiets. La pénurie de matériaux rend instable l’activité et tend à freiner la reprise.
Quelles sont les raisons d’une telle pénurie de matériaux ?
La crise sanitaire est en grande partie responsable de la pénurie. Les différents confinements ont contribué à désorganiser les filières d’approvisionnement. La forte reprise de l’activité a surpris l’ensemble du secteur. Les entreprises ont d’importants besoins de matières premières et rapidement : ce déséquilibre offre-demande contribue à l’augmentation des prix et à l’allongement des délais.
La dynamique de reprise est mondiale. Les négociants de matériaux français se retrouvent en concurrence avec leurs homologues du monde entier. La filière bois est particulièrement touchée. Les importations chinoises et américaines en provenance de France ont bondi. Ce n’est pas la ressource de bois qui manque, il n’est pas impossible de l’obtenir mais les délais de livraison et de production s’allongent. C’est toute la filière qu’il faut réorganiser et cela prend du temps. Les autres filières ne sont pas épargnées : l’acier (+ 32 %), les PVC (+ 30 %), le cuivre (+ 30 %), le béton, le mortier, les peintures, le verre, les composants électroniques…
Quelles sont les conséquences de cette pénurie de matériaux ?
Cette pénurie se traduit par :
- Une forte hausse des prix,
- Une diminution des marges,
- Des délais de livraison qui s’allongent,
- Des retards de livraison de chantiers,
- Un effet de sur-stockage et d’effet d’aubaine pour certains acteurs,
- Un risque de ralentissement de la demande à moyen terme.
L’entreprise peut se voir contraindre à la mise en activité partielle de ses salariés.
Quelles mesures ?
Le Ministère de l’Économie a annoncé à la mi-juin la mise en place de 3 mesures :
-
L’annulation des pénalités de retard pour les chantiers publics cette mesure vise à « protéger toutes les entreprises du BTP, quelle que soit leur taille »,
-
La mise en place d’un comité de crise dont l’objectif est de « remonter les comportements anormaux au sein de la filière »
-
La médiation de filière pour « amortir le choc de la flambée des prix ».
En attendant, comment s’adapter ?
- Revoir ses devis et y intégrer une clause d’actualisation* ou une clause de révision** de prix,
- Réduire la durée de validité des devis,
- Négocier auprès de ses clients ou renoncer à la réalisation du chantier : ces solutions peuvent apparaître délicates à mettre en place et nécessitent de la pédagogie pour conserver de bonnes relations commerciales,
- À plus long terme : revoir l’organisation de ses approvisionnements ou rechercher des alternatives avec des matériaux recyclés par exemple.
*Clause d’actualisation : Permet de revaloriser le prix au début de son exécution, une seule fois
**Clause de révision : Permet de revaloriser les prix au moment de l’envoi des situations ou de la facture
Comments are closed.