À Coëtlogon, Samuel Tallec s’est lancé dans un projet ambitieux, et assez rare de nos jours, en construisant un poulailler neuf pour la production de volailles de chair, et en particulier de la Dinde.
Pourquoi ce projet alors que vous ne faisiez pas de volailles de chair jusqu’alors ?
J’avais effectué un projet assez atypique en 2016 en transformant une stabulation laitière en poulailler de pondeuses en production Bio. Les terres de culture, restées en conventionnel, ne dégageait qu’un faible revenu. Je cherchais un complément de production animale et je souhaitais lâcher les terres les plus éloignées. Le retournement du marché bio a rendu caduque les scénarios liés à l’œuf qui auraient été, un second poulailler de pondeuses ou une poussinière. Je me suis alors orienté sur la filière chair avec le groupe MVO qui m’ont proposé un concept nouveau.
Le coût ne vous a pas fait peur ?
Répondre « Non » serait mentir. De plus, les hausses du coût des matériaux ont fait grimper la note au fur et à mesure que nous construisions l’approche économique du projet. Le niveau de rémunération nécessaire a été ré-évalué. On a dépassé le budget sur le terrassement. C’est un poste qui réserve des surprises, et il convient de l’étudier avec beaucoup d’attention dans tout projet bâtiment d’élevage. Les subventions accordées ont aidé au bouclage financier, mais elles restent limitées par rapport à l’enveloppe des travaux.
Quels premiers retours sur ce bâtiment ?
C’est un concept de bâtiment nouveau en lien avec les demandes sociétales sur le bien-être animal. Il est constitué de 2 parties avec une salle d’élevage de 1325 m² qui sert seule jusqu’à 6 semaines d’âge des dindes, et un jardin d’hiver accessible ensuite et qui vient augmenter de 50% la surface pour les animaux. La prise en main de l’outil a été bonne, et on a un bâtiment très étanche qui limite bien la consommation énergétique. On est sur un concept de « pression zéro » qui donne des flux d’air faibles pour les animaux. Les outils de régulation sont nombreux pour faire face aux périodes froides et aux coups de chaud. On a une bonne ambiance pour les animaux, et pour l’éleveur. On a construit un bâtiment en ne négligeant pas la qualité de la conception. C’est aussi un bâtiment qui permet de produire du poulet lourd. Il est impératif d’être multi-espèces pour un tel investissement.
Quels retours suite au premier lot pour vous ?
Le contenu du travail me plait. On m’avait prévenu sur l’agressivité des mâles en fin de lot, et j’ai constaté que c’était bien le cas. C’est un volet du métier qu’il faut connaître. Il faut être éleveur avant tout, mais aussi avoir de l’intérêt pour l’entretien, l’informatique pour piloter les outils de régulation, et suivre techniquement les lots. Avec Françoise, mon épouse qui assure une partie de ce suivi, on est complémentaire. Elle a une activité extérieure, et on a aussi mis en route ce projet pour améliorer notre qualité de vie en réduisant cette activité extérieure pour qu’elle se consacre à temps partiel à l’exploitation.
D’un point de vue des résultats, on a réussi le premier lot, mais on voit que ceci est nécessaire car les charges connaissent aussi l’inflation.
On apprécie aussi d’avoir été bien accompagné par nos partenaires techniques, bancaires et Cerfrance Côtes d’Armor, dans la mise en œuvre du projet, et dans le suivi maintenant.
Comments are closed.